Fabienne Morand

Fabienne Morand

Journaliste RP Freelance, Vaud, Suisse

Reportage

L’imprévu devient routine

AU BOULOT DURANT LES FÊTES Dans le domaine médical nombreux sont ceux et celles qui travaillent durant les Fêtes. Certains se rendent à domicile, comme Anne-Lise Golaz, du CMS.

Article paru le 31 décembre 2019 dans La Côte. Série de 6 reportages co-réalisée avec Anne Devaux. Textes: Fabienne Morand. Photos: Michel Perret. PDF

Comment allez-vous? Pas de douleur, pas de gêne?», s’enquiert Anne-Lise Golaz, infirmière à domicile pour le Centre médico-social 24 (CMS 24). Elle est au chevet d’une femme qui, après une opération, nécessite encore quelques jours d’antibiothérapie intraveineuse. Avec l’existence de ce service de soins à domicile, la patiente a pu rentrer chez elle et profiter des Fêtes en famille. «Si le traitement est de longue durée, on passe la main au CMS du secteur après les évaluations de départ», explique l’infirmière. Groupe créé en 2017, le CMS 24 répond à la demande des hôpitaux qui prévoient la sortie d’une personne ayant encore besoin de soins.
Depuis octobre 2019, une équipe répond aussi aux urgences des médecins. «Par exemple une santé qui se péjore, qui ne nécessite pas une hospitalisation, mais une prise en charge du CMS», précise la soignante qui, avec la souplesse de la gymnaste qu’elle est, navigue entre sérieux des soins, relation avec le patient et suivi administratif.

Allongée sur le canapé, la patiente, le visage baigné par un doux rayon de soleil, reçoit ses antibiotiques par intraveineuse. «S’il y a quoi que ce soit, vous me dites», réitère Anne- Lise Golaz. Tout se passe au mieux, sous le regard bienveillant du mari. L’infirmière en profite pour recommander à l’épouse de prendre soin de sa flore intestinale une fois les antibiotiques terminés. Elle conseille également au couple de mettre par écrit leurs souhaits de soins et, notamment, de réanimation. «Mais n’en informez pas votre famille à Nouvel an avec une coupe de champagne en main, exprime-t-elle. Toutefois, pensez à le faire au cas où.»
En parallèle, Anne-Lise Golaz remplit le dossier – en version informatique et papier – de la patiente avec les données qu’elle vient de récolter (température, pression). La version papier reste à domicile et peut être apportée au médecin lors de la prochaine visite.

Ce matin, avant de prendre le volant et quitter son bureau de Rolle, Anne-Lise Golaz a également dévié les appels sur son smartphone. «La semaine, les demandes arrivent au bureau, mais les week-ends, les jours fériés, les soirs et les nuits, nous nous chargeons de répondre aux hôpitaux et aux médecins.» C’est d’ailleurs ce que l’une de ses collègues était en train de gérer lorsqu’Anne-Lise Golaz a pris son service et l’a saluée, en amenant des bricelets maison. De petites attentions, cependant, il n’en est pas question «sur le terrain». «Nous n’avons pas le droit d’accepter de cadeaux de la part des patients, indique-t-elle. Toutefois, nous rencontrons beaucoup de reconnaissance.» A l’image de ce couple, ravi de ce service et des rencontres qu’il permet. Son quotidien est continuellement rempli de nouveautés et d’imprévus. Et lors des Fêtes, rien ne change. Même si, aujourd’hui, la journée sera sereine et se terminera à 22h, sans urgence à gérer. «Je suis comme un poisson dans l’eau», sourit celle qui a repris une activité après des années dans différents services, notamment aux urgences de Morges, suivi par une pause «maman» de quinze ans.

Qu’est-ce qui lui plaît dans ce métier? «C’est ça, répond-elle en pointant la vue sur les Alpes saupoudrées de blanc et baignées par les rayons du soleil, alors qu’elle est au volant. C’est aussi l’interaction avec les patients, de pouvoir les sécuriser à la maison au sortir de l’hôpital. J’aime le contact avec les gens, l’indépendance de cette fonction, sa variété. Il faut tout le temps s’adapter tout en regardant le verre à moitié plein et en relativisant les problèmes.» Et cette optimiste de conclure: «A nous d’utiliser au mieux le temps que les assurances nous donnent. Mon rôle n’est pas seulement d’administrer les antibiotiques à mes patients, mais d’être attentive à la globalité de leur santé.»


CONCENTRATION ET PRÉPARATION AU CALME
Après avoir pris contact avec la patiente et s’être renseignée sur son état de santé du moment, Anne-Lise Golaz profite de la cuisine attenante pour préparer au calme les soins à effectuer ce jour-là. Le matériel est fourni par la pharmacie ou l’hôpital si la sortie du patient a été effectuée le soir, par exemple.

DOUCEUR ET PROFESSIONNALISME
Sous le regard attentif de l’époux, Anne-Lise Golaz administre les antibiotiques à sa patiente du jour, de retour chez elle juste avant Noël à la suite d’une opération de la hanche. L’infirmière s’enquiert du bien-être de sa patiente, explique ses gestes, répond aux questions. Anne-Lise Golaz jongle entre professionnalisme et bonne humeur. La petite heure de soins semble n’avoir duré qu’un bon quart d’heure vaudois.

DES KILOMÈTRES QUOTIDIENS
Couvrant un secteur allant de Mies à Préverenges, les infirmiers du CMS 24 parcourent de nombreux kilomètres. Ce jour-là, Anne-Lise Golaz a rejoint Lonay depuis son bureau de Rolle, pour ensuite se diriger à Saint-Cergue, Nyon puis Morges.

DE PRÉCIEUSES DONNÉES À CONSULTER
A la centrale de Rolle, le personnel soignant peut échanger avec les collègues terminant leur service, vérifier si des patients ont été ajoutés à leur tournée et consulter le dossier – sécurisé – de chaque patient. Il y figure aussi des informations sur l’endroit où se parquer, par exemple.